mardi 15 mai 2012

Junk - Melvin Burgess

LE livre qui a marqué le début de mon adolescence... Je me souviens l'avoir lu pour la première fois d'une traite durant les vacances d'été : une fois les premières pages du livre feuilletées, j'étais plongée dans l'intrigue sans pouvoir m'en sortir.

Ce que j'apprécie dans ce roman, c'est la véracité, le réalisme des propos tenus, ce pouvoir qu'il a d'immerger le lecteur dans le récit et de lui donner l'impression d'être chacun des personnages, de se reconnaître ou de s'identifier à travers lui. Les crises, les shoots, les embrouilles, on les vit à travers Gemma, Nico, Sally... comme si on était avec eux !

Je crois que j'ai rarement été prise d'une telle passion pour un roman comparé à celle que j'ai eue en lisant Junk.

Évidemment, je l'utiliserai sans hésiter avec une de mes classes, non sans une préparation des élèves au préalable.

Avant de lire Junk, il faut être certain d'être assez "fort" psychologiquement, c'est-à-dire avoir un esprit critique et une notion du détachement (ou du recul) déjà bien développés avant d'entamer ce roman...C'est pourquoi je pense qu'il est assez bien adapté pour une classe de 3e générale ou de 4e TQ : ce sont les années durant lesquelles les jeunes vivent leurs premières expériences, s'amusent à frôler l'interdit, commencent à s'identifier à leurs fréquentations qu'elles soient bonnes ou mauvaises... Je soulève ce point car je me souviens en avoir discuté avec une copine de classe, en 4ème secondaire, dans les vestiaires de gym : elle, la lecture de Junk lui avait donné l'envie de découvrir "en vrai" le monde de la drogue...

Ce roman est un roman de prévention, de mise en garde, bien malgré lui...

The Only Ones - "The Beast" - Chapitre 19 : Gemma 

Run from the beast
There's danger in his eyes
He's been looking for you
For a long time
You might think this is funny
But I'm not laughing
I know it couldn't happen to me.

No one doubts the wisdom of this move
You're getting older and you know you got something to prove

Out in the streets
The modern vampire prowls
He's been spreading disease
All around
There's an epidemic
If you don't believe me
You ought to take a look at the eyes of your friends

When someone tempts you, you can't refuse
It's getting colder and you know you got nothing to lose
You need it
Know you got nothing to lose
You need it

Run from the beast
There's darkness in his mind
He's been looking for you
For a long time
You might think this is funny
But I'm not laughing
I know that it couldn't happen to me

I don't care about it happening to me

I've tried to show you your whole life in print
You can lead a horse to water but you can't make him drink
Think about it
All you gotta do is think
About it

There's no cure

Dr. Jekyll & M. Hyde - R. L. Stevenson


Déception ! 

Même si l'histoire est bien construite, dans un style soutenu que j'apprécie, j'ai trouvé le rythme trop lent. Le dénouement tant attendu est enchevêtré dans des descriptions trop fournies et dans un contexte tragique faisant parfois oublier au lecteur que la solution se trouve dans ce bref passage de la lettre de Jekyll.

Je me faisais toute une montagne de ce livre, c'était un peu découvrir "la légende"... Pour finalement constater qu'il est un livre comme un autre : je ne lui ai rien trouvé de particulier ou de sensationnel en le comparant à différentes oeuvres de la littérature du genre. 
La dualité de l'Homme, sa conception manichéenne du monde, un coup classique ! 

Bien que... Je me suis alors posé la question: si l'histoire n'est pas débordante d'originalité, pourquoi a-t-on attribué à cette oeuvre une telle renommée et un tel succès ?

Éléments de réponse fournis par la classe : 
  • Le livre ayant été publié en 1886, le style gothique en littérature a été une première, une innovation qui a séduit le grand public.
  • Les nombreuses adaptations du roman au cinéma et en chanson, bonnes comme mauvaises, en ont fait un classique du genre.


lundi 7 mai 2012

HELL - Lolita Pille


"Désillusionnée avant l'âge, je dégueule sur la facticité des sentiments. 
Ce qu'on nomme l'amour n'est que l'alibi rassurant de l'union d'un pervers et d'une pute, que le voile rose qui couvre la face effrayante de l'inéluctable Solitude. 
Je me suis caparaçonnée de cynisme, mon coeur est châtré, je fuis l'affreuse Dépendance, la moquerie du Leurre universel; Eros planque une faux dans son carquois.
L'amour, c'est tout ce qu'on a trouvé pour aliéner les déprime post-coïtum, pour justifier la fornication, pour consolider l'orgasme. C'est la quintessence du Beau, du Bien, du Vrai, qui refaçonne votre sale gueule, qui sublime votre existence mesquine.
Eh bien moi, je refuse. 
Je pratique et je prône l'hédonisme mondain, il m'épargne. Il m'épargne les euphories grotesques du premier baiser, du premier coup de fil, écouter douze fois un simple message, prendre un café, un verre : les souvenirs d'enfance, les amis communs, les vacances sur la Côte, puis un dîner : les auteurs préférés, le mal de vivre, pourquoi sortir tous les soirs, la première nuit, suivie de beaucoup d'autres, ne plus rien avoir à se dire, baiser pour combler les blancs, ne même plus avoir envie de baiser, se détacher, rester ensemble quand même, s'engueuler, se réconcilier tout en sachant que c'est mort au fond, aller baiser ailleurs, et puis plus rien.

Souffrir."
- Chapitre 6 - pp. 65, 66.



"Ce soir non plus, je ne sortirai pas. J'ai peur de son regard indifférent. J'aère l'appartement, une bouffée d'air frais chasse la fumée du salon, mais pas mes idées noires. 
Chloé est à l’hôpital,  elle a fait une OD. Le père de Cassandre est recherché par la police pour trafic d'armes, il s'est enfui de nuit dans son jet. Cassandre est restée, elle gagne son pain en faisant la serveuse chez Costes, et sa vie en toc en faisant la pute chez Fatien, aux dernières nouvelles, elle se tape carrément le père de Sybille. D'ailleurs Sybille a fait une tentative de suicide, ça plus Vittorio qui s'est barré avec les millions de l'héritage de sa mère, c'était plus qu'elle n'en pouvait supporter. 
Je n'arrive pas à dormir, je mets la chaîne en marche...
Je me souviens de la Calvados, quand le meilleur était encore à venir... Je me souviens de son regard et du visage des musiciens. Je me souviens de ma fuite.
Quelque chose explose en moi, je me redresse en agrippant les draps, je hurle des paroles, ma voix se brise... C'est ma faute. J'ai voulu en finir sous prétexte qu'on se détruisait mutuellement, j'ai été l'artisan de notre échec, j'ai travaillé à mon propre malheur."
- Chapitre 10  - pp. 104, 105


"Le calme. La solitude, enfin. J'ai enfin enfilé un peignoir et je retourne dans la bibliothèque m'affaler sur mon canapé profané. Je reste immobile, devant ma cheminée où ne brûle aucun feu, je fume clope sur clope. Mes yeux sont fixes tournés vers l'intérieur, vers la lueur éteinte d'un passé révolu, vers les images dorées d'un bonheur rectifié. 
N'attendez pas de chute à cette histoire, il n'y en a pas. Il est mort et plus rien n'a de sens pour moi. J'envisage l'avenir comme une éternité de souffrances et d'ennui. Ma lâcheté m'empêche de mettre fin à mes jours. Je continuerai à sortir, à taper, à boire, à persécuter des cons.
Jusqu'à ce que j'en crève. 
L'humanité souffre. Et je souffre avec elle. "
- Dernier  chapitre, dernière page.


LOLITA PILLE, Hell, éd. Le Livre de Poche, Paris, 2009.





*Harmonie du soir


Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir;
Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir;
Valse mélancolique et langoureux vertige!

Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir;
Le violon frémit comme un coeur qu'on afflige;
Valse mélancolique et langoureux vertige!
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.
Le violon frémit comme un coeur qu'on afflige,
Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir!
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir;
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige.
Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
Du passé lumineux recueille tout vestige!
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige...
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir!
Les Fleurs du mal - Spleen et Idéal - Charles Baudelaire